El Salvador, el Zonte - 02 avril 2002
"Surf sous haute tension"


Fuite vers le Salvador
Ça y est, nous voilà parti pour de bon du Guatemala, ses lacs, ses volcans, ses processions religieuses, la tête pleine d'images toutes plus belles les unes que les autres. En l'espace de quelques heures, nous passons de 4000m d'altitude au niveau de la mer. Chaleur, sécheresse et vent sec nous accompagnent dans notre descente infernale. Nous sommes ravis de retrouver notre élément favori, l'océan.
Ayant connaissance des inlassables problèmes de violence de ce pays, nous décidons de nous diriger vers un endroit sûr ou rien ne pourra troubler notre progression en Amérique Centrale. Suivant les conseils d'une amie anglaise rencontrée à Antigua, nous nous dirigeons vers le Surf Camp Del Zonte tenu par un mi-Japonais, mi Salvadorien.
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Un endroit presque trop calme
L'endroit semble calme. Il est composé d'une rue en forme de T, avec d'un côté le surf camp, à l'opposé un terrain à vendre et en face 2, 3 tiendas de fortune faisant office de restaurant. Vous prenez l'ensemble, vous le comprimez entre quelques collines, un Rio et l'océan et vous obtenez le village del Zonte. Autant dire que cet endroit est suffoquant par son étroitesse. On est bien loin des grands espaces du Guatemala et du Mexique. Le surf camp imposant se distingue véritablement de tout ce qui l'entoure. Clôture bétonnée, tessons de bouteilles incrustés, grillage haut de 2 mètres et fil barbelé électrifié délimitent le site. A l'intérieur, quelques petites maisonnettes, en réalité des chambres individuelles, une piscine en forme de haricot, un coin hamacs et enfin une sorte de donjon surplombant la vague et l'animation de la rue. Bref beaucoup de sécurité, presque trop, en comparaison à la tranquillité apparente des lieux.
Deux journées d'une grande tranquillité passent. Nous sympathisons avec les autres occupants venant de tous horizons: Américains, Anglais, Israéliens, Français, Guatémaltèques, Salvadoriens. Nous prenons contact avec la vague. Malgré le peu de vagues, une compétition de surf doit avoir lieux le week-end prochain. Comme prévu, les vagues sont absentes.

Des troubles qui étaient à prévoir
La quiétude du lieu se trouve brusquement troubler par l'arrivée de deux bus, en provenance de " El Salvador ". Bondés de Salvadoriens entassés comme du bétail, les voilà qui déboulent dans la rue, sur la plage, la plupart déjà bien entamés par l'alcool. Malgré le peu de vague, la compétition commence avec bodyboarders, surfeurs et longboarders, toute discipline confondue. En deux temps, trois mouvements, sous les coups de 09h00 du matin, la petite rue paisible se transforme en véritable champ de bataille. Comment me direz-vous ? Tout simplement ! Vous prenez un Salvadorien avec plusieurs coups dans le nez, équipé d'une arme a feu et le voilà en quête de provocation de ses homologues du camp adverse (gang). Tout va très vite. L'initiateur devient la cible vivante des autres qui le lapident aussi instantanément. Les acteurs, les yeux injectés de vengeance et de violence, des pierres dans les mains, l'émeute s'emballent. Les rues se vident. Les propriétaires des " tiendas " (restos) se réfugient derrière leurs petites baraques.

Notre camp menacé
Nous, nous restons à l'abri dans notre surf camp, témoins de ces scènes inattendues. Le corps et la tête couverts de sang, la première victime est transportée hors des jets de pierres par ses collègues, utilisant une planche de surf comme civière. Certains s'improvisent de la " Cruz Roja " (Croix rouge) et tentent de façon ludique de le réanimer sans succès. La télévision locale, à défaut de spectacle dans l'eau, ne rate pas la scène. Une partie des acteurs de cette émeute, a priori les " bons ", viennent se réfugier dans l'enceinte du surf camp. De peur de représailles, la tension monte et nous voilà tous cacher derrières les douches et les WCs. A défaut d'imagination, d'autres choisiront plutôt de se cacher sous leur lit. Imaginant le pire, nous voilà entrain de projeter dans nos esprits des stratagèmes de fuites ou de défenses. Et la police ? En fait l'armée. Elle mettra une bonne heure avant d'arrivée sur les lieux et ce après avoir réceptionnée et bastonnée les occupants des deux bus qui repartaient d'où ils venaient. Ils passeront la journée ici, le temps que la tension retombe. Ils partiront également à la poursuite de deux ou trois agitateurs principaux en fuite.

Voilà une scène apparemment banale d'après certains locaux. Les jours qui suivirent, la tranquillité avait repris sa place, comme si rien ne s'était passé.
> Photos de surf El Zonte
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Surf au Salvador
Ce petit pays pris en tenaille entre le Honduras, le Guatemala et l'océan pacifique possède l'un des meilleurs potentiels de vagues d'Amérique Centrale. Son exposition aux houles de sud et de sud ouest, sa cote découpée en " point break " et ses fonds sous-marins rocheux en font l'une des destinations surf idéale, pendant la période des pluies, entre les mois de mai et juillet. A l'est, la région de El Cuco offre de longues vagues de reef puissantes et caverneuses. C'est aussi une étape idéale avant d'aller affronter les vagues du Nicaragua et du Costa Rica. A l'ouest, la côte balsamique surnommée ainsi à cause de ses plages noires de sable volcanique, regroupe une dizaine de " point breaks " de connus mondialement tels que : La Libertad, El Zonte, Zunzal, Km 59 ou Km 61. Plus souvent des droites que des gauches, les "point breaks" de la région sont des vagues rapides à sections s'enroulant autour d'avancées rocheuses. Ce potentiel surf du Salvador prend toute sa dimension quand de fortes houles touchent ses côtes. Or, seule une petite houle non significative est prévue pour les prochains jours. Cela fait déjà prés d'un mois que nous ne nous sommes pas retrouvés à l'eau dans des conditions optimales de surf. Déterminés à trouver une vague à hauteur de notre faim, nous choisissons El Zonte comme point de départ de cette " search salvadorienne". Idéalement située, cette petite baie se trouve à quelques kilomètres de la Libertad et des Kms 59 et 61. Nous constatons dés notre arrivée que l'endroit est déjà occupé par une horde d'autres surfeurs affamés attendant depuis plusieurs jours que la houle ne fasse son apparition.
> Surf trip au km59
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Pour fuir cette foule américaine, européenne et locale, nous décidons de partir à cinq heures du matin à Km 59 difficilement accessible, plus à l'ouest avec pour autre alternative le Km 61. Km 61 à 500 mètres est peuvent être atteints à pied de Km 59. Pas assez de houle pour que cette vague réputée comme l'une des meilleures du Salvador ne fonctionne correctement. Inutile d'aller plus loin, nous nous contenterons d'un petit Km 59. Malgré une session de " hot dog surfing " distrayante, nous n'aurons pas l'opportunité de tester réellement la réputation de ces vagues. Cette expédition bien matinale sera un succès grâce à la beauté et la tranquillité des lieux. De retour à El Zonte vers huit heures du matin, nous retournons à l'eau pour partager avec la foule quelques heures de vent offshore.

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